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Deep Adaptation

ensemble et électronique

2019

pièce composée en résidence au GMEM (Marseille)
création le 28 décembre 2019 à Tel-Aviv, ensembles Meitar et itinéraire, direction Pierre André Valade
création française le 7 janvier 2020 à Paris
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Suite à l'Entaille, oeuvre réalisée d'après des chants d'oiseaux disparus
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La pièce commence par 7 miniatures qui présentent ces chants d'oiseaux isolés, avant un long mouvement principal.
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Voir la partition des miniatures
Voir la partition du mouvement principal

Lire un texte sur la pièce
"Deep Adaptation, A Map for Navigating Climate Tragedy" est un article de l'universitaire anglais Jem Bendell aux accents de Cassandre, qui a fait un certain bruit a sa sortie en 2018. L’auteur y cherche à éveiller la conscience de ses lecteurs au changement climatique en cours par des images traumatisantes. Je ne crois pas aux appels à la panique mais j'entends ce qu'il dit : dans les prochaines décennies, nous n’aurons pas d’autre choix que de nous adapter profondément à de nouveaux modes de vie. Nous voici « face à Gaïa », comme le dit Bruno Latour. Une nécessaire conversion doit occasionner un retour forcé à l'attention au monde. D'un « état de dépossession permanent », puissions-nous « regagner une présence au monde permanente ».
Deep Adaptation est pensée comme un rituel d'invocation aux oiseaux disparus, comme le fameux traquet rieur, petit passereau illustré dans le Catalogue d'oiseaux, soigneux herbier de Messiaen, qui ne pensait certainement pas y noter ce chant pour mémoire.
Être concerné par la disparition des oiseaux des champs, cela veut dire ne plus les considérer comme des objets d'étude et ravissement mais leur apporter soin et souci, et plutôt qu'une attitude de deuil, construire une relation, formuler un appel.
Ainsi, Deep Adaptation déploie une élocution orchestrale (dans une solution continue entre instrumental et électroacoustique) de ces chants désormais inaudibles. Je n'ai trouvé aux sons de l'orchestre que le moyen de représenter ces chants rythmiquement et timbralement, à travers le filtre de sonorités de percussions métalliques, résonances inertes mais complexes — à la fois tombeaux et chambres d’écho.
Le rituel du concert peut être vu comme une invocation collective ; une spéculation narrative où l'articulation rythmique représente la dévoration de l’oiseau, et la résonance sa digestion. Un jeu rituel où est réinstituée une relation symbolique entre nous humains et ces non-humains.